Les sifflets alsaciens: les centres de production


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Grand plat creux à ailes alsacien au bouquet trilobe Symbole d'harmonie dans le ménage Diamètre 39 cm vers 1860 Col. privée		Les villages de potiers sont très nombreux en Alsace. Soufflenheim est devenu le plus important depuis le début du XXème siècle mais les derniers potiers des autres ateliers n'ont souvent fermé leurs portes que dans la première moitié du XXème siècle. Malgré cette disparition relativement récente, la production de ces centres est mal connue car seuls des pièces de prestige ont parfois été conservées. Il n'est pas surprenant que les sifflets n'en aient pas fait partie et identifier la production des centres alsaciens serait une ambition vaine. On sait que plusieurs centres potiers alsaciens ont fabriqué des sifflets en terre cuite. On peut aussi supposer qu'à l'image des autres régions, seuls quelques familles produisaient ces sifflets que les colporteurs pouvaient vendre facilement dans des zones assez vastes. Seules les fouilles archéologiques de fours de potiers pourront apporter des éléments nouveaux sur la production de sifflets en Alsace mais on trouve déjà trace de cette production dans chaque région de poterie alsacienne.

		Soufflenheim et Haguenau: L'importance des gisements d'argile et les ressources en bois de la forêt d'Haguenau voisine ont favorisé très tôt l'essor de cet artisanat dans cette région. Le premier potier connu à Haguenau au XIVème siècle venait de Soufflenheim. Les potiers produisaient les mêmes produits en terre vernissée que les autres centres de la région. Un sifflet du XVIIème siècle conservé au musée Alsacien de Haguenau témoigne d'une longue tradition de production de sifflets dans cette ville. La production de poterie s'arrête à Haguenau au milieu du XIXème siècle. Soufflenheim est un lieu majeur de la poterie alsacienne. On trouve des traces de cet artisanat dès le VIIIème siècle mais c'est au XVème siècle que remontent les premiers textes fiables sur les potiers de Soufflenheim. Ils révelent que ceux-ci exportaient déjà beaucoup à Strasbourg. Peut-être les sifflets du XVIème siècle découverts dans le sol strasbourgeois venaient-ils déjà de ce village? Après un déclin au XVIIème dû à la guerre de Trente Ans, la poterie renait dans le village mais reste modeste. C'est avec le changement des pratiques culinaires (abandon de la cuisson directe dans la cheminée au profit des fourneaux) à la fin du XVIIIème siècle, que les potiers de Soufflenheim vont connaître un âge d'or. Les nouveaux modes de cuisson vont entraîner la création de nombreux récipients et la terre vernissée est particulièrement adaptée à ces usages. Le développement de Souffenheim et de Betchdorf, village voisin qui se spécialise dans le grès, s'accompagne du déclin des autres centres potiers voisins. C'est dans la deuxième moitié du XIXème siècle que la production atteint son optimum avec plus de 50 ateliers situés dans le village. Le XXème siècle voit le déclin progressif de la production face aux matériaux nouveaux (aluminium, plastique, verre moulé...) et les potiers durent adapter leur production et leur mode de distribution. Heureusement, le tourisme et l'exportation ont permis à la poterie de passer ce cap difficile et avec 19 entreprises de poterie, Soufflenheim est aujourd'hui le deuxième centre potier français. Il est donc normal que l'immense majorité des sifflets alsaciens conservés provienne de ce village. Ils sont l'oeuvre des ateliers familiaux
La poterie Ignace Friedmann La continuité entre certains modèles actuels et des modèles plus anciens permet d'attribuer à cette dynastie de potiers les sifflets à eau en forme d'oiseau à glaçure jaune. Cette poterie existant depuis 1802, il est possible que certains sifflets à la forme très voisine datés de la deuxième moitié du XIXème siècle ou du début du XXème aient été produits dans le même atelier où M. Ignace Friedmann continue à tourner ces sifflets. L'exemple de La Borne montre que même dans les villages où existaient de nombreux potiers, seules quelques familles produisaient les sifflets et les Freidmann en faisaient sans aucun doute partie. Sifflet fin XIXème siècle à glaçure brun rouge et sifflets Friedmann de la première moitié du XXème siècle à 2000.
Un autre atelier peut être identifié par l'emploi de glaçures similaires sur les trois principaux types de sifflet alsacien. On retrouve aussi ces glaçures sur des poteries miniatures de la première moitié du XXème siècle. Les potiers qui réalisaient les sifflets produisaient beaucoup de jouets ou de tirelires. Ces sifflets ont sans doute été fabriqués par un des ateliers qui continuaient dans les années 1970 la production des sifflets: Lehmann, Pirard ou Ludwig. 1ère moitié XXème siècle

Munster (?) XIXème s. Terre brun clair et jaspures jaunes H: 7cm; L:8 cm; l: 4,8cm Col. Musée Alsacien de Strasbourg Inv. N°66.995.28.2 b		La région de Colmar: Les potiers sont connus à Colmar depuis le haut Moyen-Âge jusqu'au XIXème siècle. A coté des pièces usuelles, on sait qu'ils fabriquaient des tirelires et sans doute aussi des jouets dont peut-être des sifflets. A Munster, les potiers faisaient aussi de petites figurines en forme de vache ou de moutons. Le musée de Hambourg conserve deux sifflets achetés en 1906 à Colmar qui viennent sans doute de cette région. L'un est en forme de chouette et l'autre est un oiseau dont la forme stylisée se retrouve pour plusieurs autres sifflets ce qui permettrait d'attribuer ces sifflets à cette région.


Statue de Saint Gangolph. Pilier daté de 1788. Photo envoyée par une visiteuse alsacienne du site © Odile S.	Mulhouse et le Sundgau: Les premiers écrits signalant des potiers de terre à Mulhouse remonte à 1308. Les liens avec les potiers suisses étaient nombreux. Les relations étaient parfois conflictuelles car les potiers suisses exportaient à Mulhouse leur production. Beaucoup de potiers de Mulhouse faisaient cependant leur apprentissage en Suisse. A coté de la production utilitaire, ils produisaient des jouets et des sifflets à eau. Le dernier potier est décédé en 1829. Le Sungau tout proche a également été une région de poterie importante. Les ateliers sont mal connus mais on relève des potiers dans de nombreux villages jusqu'au XIXème siècle. C'est à Mulhouse ou aux ateliers du Sungau qu'il faut sans doute attribuer les sifflets en forme de Saint Gangolph vendus lors du pélérinage à ce saint situé en plein Sungau.

L'Alsace bossue: L'Alsace Bossue est une des trois régions de poterie du Bas Rhin avec trois centres principaux: Butten, Diemeringen et Adamswiller. M Georges Klein, auteur de "Poteries populaires d'Alsace" écrit que "Avant 1949, il y avait encore à Adamswiller un potier Osswald Guillaume qui travaillait sur place et qui produisait des terres vernissées. En 1947, j'ai visité cette poterie ... Il y avait également une corbeille toute pleine de sifflets à eau, de coucous en forme d'oiseaux." Il reste à identifier ces sifflets parmi les sifflets conservés dans les musées et collections d'Alsace.